Les banques de détail ont perdu près de 830 000 clients
Les chiffres publiés par l’agence de conseil Score Advisor montrent que les banques classiques ont perdu près de 830 000 clients en l’espace de 12 mois. S’il est difficile de trouver une explication, on est au moins certain que la banque en ligne n’a pas spécialement profité de cet exode. Il est plus probable que les consommateurs détenant plusieurs comptes ferment ceux dont ils ne se servent pas. Toutefois il est clair que le particulier ne veut plus faire profiter les banques de son son argent durement gagné. Il cherche aujourd’hui une nouvelle forme de financement, dans laquelle il aurait accès à beaucoup plus de solutions.
Les Français ferment leurs comptes bancaires
Selon Score Advisor, les 85 banques de détail françaises, incluant des géants comme BNP Paribas et la Société Générale, cumulent 137 452 736 clients. Avec 66 millions d’individus et 3,1 million d’entreprises en France (source ministère des finances), ces chiffres ont de quoi surprendre mais s’expliquent par ce que l’on appelle la multibancarisation. Clairement, particuliers et professionnels détiennent plus d’un compte bancaire et sont en train de les fermer.
C’est ainsi qu’au cours de l’année 2013 les 85 établissements scrutés par Score Advisor ont perdu un total de 829 441 clients, et pas forcément au profit de la banque en ligne, comme l’explique son fondateur. Selon Guillaume Almeras, cité par Cbanque.com, il s’agirait plutôt d’une correction due à la fermeture de comptes inactifs afin d’économiser sur les frais bancaires. Mais l’explication peut également venir de la volonté de certaines banques de faire le ménage dans leurs bases de données. Par exemple, la Caisse d’Épargne déclare volontiers que sur ses 24 millions de clients, 14 millions sont complètement inactifs. Toutefois l’explication d’un détachement du particulier vis-à-vis du système bancaire classique n’est pas à exclure.
Les particuliers à la recherche d’une nouvelle forme de banque
Le succès rencontré par les plates-formes de financement participatif montre l’engouement croissant des consommateurs pour une économie différente. Au 1er semestre 2014 le crowdfunding avait déjà levé 66 millions d’euros, soit 2 fois plus qu’au cours de toute l’année 2013. La même tendance s’observe du côté des prêts d’argent entre particuliers, ou le seul acteur présent en France à ce jour, Prêt d’Union, a reçu plus de 2,4 milliards d’euros de demandes de financement au 21 janvier 2015, plus que durant tout le mois de décembre 2104.
Dans ces 2 exemples on se trouve en présence d’individus ayant de l’argent à placer, et d’autres ayant justement besoin de fonds. Les slogans utilisés par les plates-formes de financement participatif et de prêts entre particuliers tournent tous autour du même slogan : « ne passez plus par les banques ».
La crise de 2008 et les excès des banquiers ont laissé des traces, aujourd’hui le consommateur recherche quelque chose de différent même s’il est toujours attaché au service humain.
Les banques en ligne n’ont pas encore trouvé la formule
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, la fermeture des comptes courants auprès de grandes banques de détail ne signifie pas un exode vers la banque en ligne. Toujours selon les sources de Score Advisor, 2 millions de clients ont ouvert un compte en ligne, mais seulement 2 % y détiennent leur compte principal. En Allemagne et en Autriche le succès est plus au rendez-vous, avec 12 millions d’adeptes.
Et Guillaume Almeras d’expliquer que les clients recherchent aujourd’hui les outils en ligne, à l’instar des moteurs de recherche de shopping qui leur proposent les produits dont ils ont besoin. Le consommateur n’a pas forcément besoin de vivre dans une banque principale au sein de laquelle il n’a pas accès à toute la gamme du marché. Il a appris depuis belle lurette à utiliser des comparateurs sur Internet, et souhaiterait pouvoir faire de même avec les solutions financières qu’il recherche.
De tels outils existent déjà pour les assurances, et si les banques de détail y sont peut-être encore réticentes, il faudra bien qu’elles y viennent dans un futur proche.
La fidélité bancaire, c’est fini
Un sondage réalisé par Opinion Way pour le courtier Meilleurtaux montre que 63 % des Français sont prêts à changer de banque pour réaliser un projet immobilier. Si la tranche d’âge des 25 – 34 ans reste la plus sage avec seulement 47 % des personnes interrogées prêtent à faire des infidélités à leur banquier, la proportion devient intéressante lorsque l’on s’approche de l’emprunteur moyen. Les prêts immobiliers sont souscrits en moyenne à 37 ans, et à cet âge 75 % n’hésiteraient pas à passer à la concurrence pour de meilleures conditions.
Difficile toutefois d’expliquer la perte de clients par ce phénomène, car logiquement si l’on quitte une enseigne, c’est pour aller vers une autre…